À la demande générale des répondants au sondage que nous avons fait l’an passé, nous avions décidé d’aller de l’avant avec l’analyse physico chimique de la santé du lac. Cette analyse a été faite par Daniel Néron de Hémisphère Consultant avec l’aide de Julien Couture et de moi-même.
Je vous en apporte aujourd’hui les résultats. Je vais vous résumer et donner les grandes lignes du rapport que vous pourrez consulter plus en détail sur notre site web. Mais avant de commencer, il est important de comprendre une chose :
L’évaluation de la santé du lac se fait en termes de vieillissement. Tous nos lacs sont appelés à mourir, c'est-à-dire à ne plus exister ou si l’on veut à être envahis par la végétation à plus ou moins long terme. C’est par rapport à l’évolution de cet envahissement qu’on va déterminer l’âge de notre lac et son état de santé. Donc un lac vieux est un lac de plus en plus envahi par la végétation et un lac jeune est un lac qui ne l’est pas et dont la transparence et l’Oxygénation sont au maximum.
C’est dans cette compréhension qu’on peut saisir certains facteurs qui ralentissent ou précipitent cette évolution. Certains facteurs comme la morphométrie, le renouvellement de l’eau du lac et l’influence du bassin versant précipitent ou ralentissent le vieillissement. On va regarder l’influence de ces points. Puis je vous parlerai brièvement des indicateurs de l’état d’âge comme la transparence, l’oxygénation, la quantité de nutriments qui favorise la végétation dans le lac comme le phosphore et l’azote. Un relevé bactériologique a été réalisé pour vérifier l’épuration des eaux usées. Enfin je vous donnerai les conclusions et recommandations de notre consultant.
Question de morphométrie :
La forme irrégulière du lac favorise le développement donc plus de pollution et déboisement possible. C’est un point négatif pour la santé de notre lac.
Bassin versant :
Il est constitué de plusieurs lacs importants dans un milieu sauvage (parc Papineau Labelle) et ces lacs agissent comme décanteur des nutriments avant que l’eau arrive au lac. Excellent point.
Renouvellement de l’eau :
Le renouvellement complet de l’eau du lac se fait sur une période de 2 ans, ce qui est positif car l’eau reste assez longtemps pour que le lac agisse comme décanteur mais pas trop pour stagner et garder les composés chimiques tels que les sels de déglaçage des routes par exemple.
Volume d’eau :
Le volume d’eau est très important (350 p à son plus profond) fait en sorte qu’il conserve sa fraîcheur et sa taille importante fait en sorte que sa surface est fortement agitée par les vents, ce qui donne un apport d’oxygène important au lac.
L’oxygène :
L’oxygène est apporté en effet par l’agitation à la surface à cause des vents mais aussi 2 fois par année au printemps et à l’automne, quand l’eau atteint 4 degrés, il se produit un renversement qui répartit l’oxygène également dans tout le lac Quand nous avons fait l’analyse le 20 juillet 2004, on a constaté 8 mg /l en surface (l’eau était donc saturée en surface) puis sous la thermocline on baisse jusqu’à 4 mg/l à 50m de profondeur (en terme de saturation, l’eau ne contient plus que un tiers de l’oxygène qu’elle pourrait contenir). On peut extrapoler qu’il n’y a plus d’oxygène au fond, ce qui constitue une menace pour la survie de la truite grise (touladi). Pourquoi ce manque d’oxygène? Les micro-organismes des sédiments dans le fond du lac utilisent l’oxygène pour leur décomposition. Sans oxygène, ces sédiments deviennent en état d’anoxie. Il se produit alors un relargage des nutriments qui est 1000 fois plus rapide que le taux de rétention. On touche donc ici un point très important pour la précipitation du vieillissement du lac.
Transparence :
La transparence de l’eau est assez bonne. A ce chapitre, on classe un lac ‘’jeune’’ si la visibilité est supérieure à 6 m et nous l’avons établie à 7.7 m.
Ph :
Les lacs de notre région sont en général plutôt acides à cause d’une part des roches granitiques des Laurentides (qui favorisent le caractère acide) et aussi bien entendu à cause des pluies acides. La fapel nous avait même dit que le lavage des bateaux en prévention de la moule zébrée était inutile parce que celle-ci ne vit pas en milieu acide. Hors le lac Simon a un PH très élevé (7.8) du probablement à la présence d’activités biologiques intenses qui alcalinise l’eau. La moule zébrée peut donc très bien y vivre et la prévention reste nécessaire.
Phosphore :
Le phosphore est le nutriment qui manque toujours cruellement aux algues et plantes aquatiques; ont dit qu’il limite la croissance de nos végétaux. C’est un des ennemis importants de nos lacs car il contribue à accélérer le vieillissement de nos lacs en favorisant la croissance des algues dans l’eau et privant le lac de son oxygène lors de leur décomposition. Le MENV a fixé à 10 μg /L, le taux acceptable maximum si l’on considère la protection des milieux sensibles. Hors le lac Simon est classé dans cette catégorie à cause de la présence du touladi. Nos analyses ont montré un taux de 8 μg/L. Nous sommes donc près de la limite acceptable.
Relevé bactériologique :
On a effectué des relevés 25 endroits autour du lac et dans la rivière Petite nation au nord et la qualité est excellente bien qu’un peu moins bonne à la plage publique et devant le Camping Le Paradis du campeur. Les autres tests sur les autres composantes ne posent pas de problème significatif.
Conclusions
Le rapport positif de la qualité de l’eau est assombri par l’observation de quelques points inquiétants :
- Le taux de phosphore va fort probablement s’approcher du critère pour la protection d’habitats sensibles qui demande de demeurer inférieur à 10μg/L.
- L’oxygène vient à manquer sous la barre des 50m.
- Une partie appréciable des sédiments est en état d’anoxie et le relargage est sûrement amorcé.
- Le périphyton est en croissance selon les riverains.
Nous croyons que le lac Simon est à la charnière entre le stade jeune et moyennement jeune. Souvent les lacs soumis à la villégiature changent rapidement de stade car le manque d’oxygène en profondeur entraîne un changement spectaculaire dans le cycle du phosphore : le relargage des éléments retenus prisonniers depuis la fin de l’ère glaciaire. Les sédiments du lac soumis à la période d’anoxie vont rejeter le phosphore dans la masse d’eau à un taux 1000 fois supérieur au taux de rétention. Cette mécanique peut provoquer un emballement de l’écosystème et donne naissance au fameux ‘’bloom’’ d’algues microscopiques.
Vaut mieux donc tenter de stabiliser l’état actuel du lac par des mesures concertées. Daniel Néron fait plusieurs suggestions à ce sujet dont voici les plus importantes :
- Interdire l’épandage d’engrais chimique dans l’encadrement forestier du lac.
- Exhorter les riverains à utiliser des savons sans phosphate car nos systèmes d’épuration ne filtre même pas 50% des phosphates.
- Renaturaliser les rives qui sont en soi des éléments épurateurs des terrains bordant le lac.
- Entreprendre un inventaire de la qualité de l’écoulement de surface associé au réseau routier dans le but de diminuer les apports de sédiments au lac.
- Refaire les analyses aux 2 ou 3 ans incluant la mesure du phosphore au retournement printanier.
Vous pouvez accéder à l'étude complète en format PDF
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